Roland Mahauden s’en est allé...

"Je puis vous assurer que la création d’ Article 27 au Théâtre de Poche reste l’initiative dont je suis le plus fier sur l’ensemble de ma carrière."

Roland Mahauden s’en est allé le vendredi 9 novembre 2018.
Quand il était directeur du Théâtre de Poche, Roland Mahauden, aussi artiste et metteur en scène a fondé Article 27 par soucis de justice sociale.

Le plaidoyer fondateur qu’il a rédigé en 1999 nous inspire, encore et plus que jamais. « La culture est le lien social fondamental qui doit être accessible à tous. Le nier c’est parachever au bulldozer les fossés d’exclusion déjà existants. L’art, tout comme l’engagement social, n’est pas une chose innocente. C’est pourquoi il faut que les artistes et les travailleurs sociaux s’unissent et mettent tout en œuvre pour faciliter aux plus démunis l’accès à la culture, sous toutes ses formes. Pour que les lieux de spectacle ne deviennent pas, comme c’est souvent le cas, des boutiques de luxe réservées aux seuls nantis. Pour que la culture ne devienne pas comme la médecine ou la justice, de classe. Pour que les exclus reviennent parmi les autres. »

Depuis 19 ans, nous n’avons pas d’autre ambition, … construire des espaces où la participation culturelle vise l’avènement d’une société où chacun a sa place, en ce compris les personnes subissant une situation de précarité. C’est ce chemin que Roland Mahauden nous a ouvert quand il a co-fondé et co-initié notre asbl avec Isabelle Paternotte.
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Roland Mahauden, présent lors de notre journée Réseau en Action de septembre 2017. Et répondant à nos questions dans la publication Réseau en Réflexion - Liberté et culture, dans l’article "L’art d’agir"

ARTICLE 27 # Bxl : Un artiste en deux (ou trois) mots ?
Roland Mahauden : « Un artiste n’œuvre pas pour dire au monde comment il faut penser, simplement pour lui dire qu’il FAUT penser. Et lui proposer des sujets de réflexion ».

Votre image phare ?
R.M. : « L’art comme bouclier face à la dictature de la bêtise ».

Pourquoi avez-vous créé Article 27 ? Et si c’était à refaire aujourd’hui ?
R.M. : « Par soucis de justice sociale. Je referais la même chose aujourd’hui. Je n’hésiterais pas une seconde. Ma position face à la culture de classe, médecine de classe, justice de classe n’a pas bougé d’un pouce ».

Pourquoi avoir fait porter le 27ème article des Droits de l’Homme comme nom à l’association ?
R.M. : « Pour mettre en place Article 27, le premier challenge était de convaincre le Politique qu’il était de sa responsabilité de soutenir financièrement l’initiative. S’appuyer en cela sur les Droits de l’Homme nous a semblé être le bon levier ».

De quoi la culture sauve-t-elle ? De quoi ne sauve-t-elle pas ?
R.M. : « La culture est la sauvegarde de notre identité. Ne dit-on pas qu’un peuple sans culture est un peuple sans identité ? Malheureusement, la culture ne nous met pas à l’abri de la bêtise ».

Que retrouve-t-on de vous dans Article 27 ?
R.M. : « L’essentiel de mon identité d’artiste qui a généré la rencontre et la collaboration avec Isabelle Paternotte ».

A défaut : Liberté ou Art ?
R.M. : « Indissociable. Ma liberté c’est de créer et l’art est la sauvegarde de ma liberté ».

A quoi ressemblerait un monde sans art ?
R.M. : « Un monde sans art, serait un monde sans identité, une porte ouverte à toutes les dérives du pouvoir ».